Le Covid-19 a, dans certains cas, accéléré la transmission à la jeune génération, sans doute plus à l’aise avec les nouveaux modes de travail ou le digital. Autre élément déclencheur : l’opportunité financière, avec une baisse de valorisation des entreprises qui rend la transmission moins chère.
Le bon moment pour transmettre ? Les spécialistes des entreprisesfamiliales soulignent que beaucoup ont, en tout cas, sauté le pas en pleine crisesanitaire. Jean-Christophe et Frédéric ont pris fin décembre 2020 le relais deleur père, Jean-Marie, à la tête de la Tonnellerie Rousseau (11 millionsd’euros de chiffre d’affaires), près de Dijon, pour y accélérer unerobotisation devenue indispensable. Il y a quinze jours, c’est Arnaud Clochardqui devenait directeur général du groupe mécanique vendéen Fideip (50 millionsd’euros de ventes), achevant un projet lancé par son père au début de lapandémie.
Et chez le fabricant de silos en polyester Rousseau (12millions d’euros de chiffre d’affaires), à Fenioux (Charente-Maritime), lafille Claire Cheval, trente et un ans, prendra dans quelques jours lesmanettes. La crise a fait plonger l’activité de 10 %, mais n’a pas remis enquestion une démarche enclenchée il y a deux ans. « Avec mon mari, on s’estdemandé si c’était le bon moment pour reprendre, mais mon père méritait departir à la retraite », explique la future dirigeante.
Quête de sens
« Parmi mes clients, cette pandémie a accéléré le passage detémoins à la jeune génération », témoigne Sébastien Matykowski, ex-dirigeantfondateur de Capival, spécialisé dans l’évaluation des entreprises familiales.Passage accéléré au digital, nouveaux modes de travail, dont le télétravail ,robotisation plus urgente des process… ces nouveaux impératifs créés par lacrise sanitaire sont plus facilement appréhendés par la jeune garde.
« Cette crise a fait ressortir l’urgence de latransformation digitale et la quête de sens, des éléments qui parlent plus à lanouvelle génération », analyse aussi Caroline Mathieu, déléguée générale duFamily business network (FBN).
Par Marion Kindermans
Les Echos, le 29 mars 2021